Manilkara

Primary tabs

Manilkara

Description

Le genre Manilkara est défini sans confusion possible par un type floral: 6 sépales en deux verticilles, 3 externes, 3 internes, tomenteux extérieurement chez toutes nos espèces. 6 pétales soudés à la base en un tube plus ou moins long. Chaque pétale est muni latéralement de deux appendices généralement aussi longs que les pétales, rarement nettement plus courts. 6 étamines épipétales; 6 staminodes de formes spécifiques diverses, généralement dentés ou laciniés. Ovaire à ± 12 loges ou ± 6 loges. Les fruits connus sont des petites baies ellipsoïdes contenant 1-2 petites graines. Les graines sont marquées d'une étroite cicatrice basiventrale.A
A. Flore du Gabon

Morphology

Les espèces du groupe à nervation latérale nombreuse, fine, parallèle, peu visible, dont la face inférieure du limbe est gris blanc, reste d'un tomentum de la forme juvénile usé dans la forme adulte, posent des problèmes de discrimination spécifique très délicats dont les solutions ne sont jamais parfaitement satisfaisantes. A l'exception au moins provisoire du Manilkara Pellegri-niana espèce mal connue dont nous ignorons l'écologie, les autres espèces de ce groupe sont un exemple de ces suites d'espèces écophylétiques qui sont fréquentes dans la flore africaine tropicale. Ce sont des formes végétales qui par la morphologie de la feuille, de la fleur et du fruit ne se séparent que par des caractères secondaires, cependant spécifiques; mais il existe par ailleurs entre elles des types intermédiaires. En dépit de ces derniers les types caractéristiques de chacune de ces espèces sont nettement distincts. D'autre part au point de vue du port des plantes et de leur écologie, les distinctions sont évidentes. Il y a une corrélation entre port et écologie d'une part et morphologie foliaire et florale d'autre part.

Dans le cas de ce groupe de trois Manilkara, M. lacera, M. multinervis et M. Fouilloyana, le premier est un arbuste ou petit arbre du fourré des plages, précédé parfois de formes buis-sonnantes inextricables, incontestablement de la même espèce. La forme obovée suborbiculaire des feuilles est spécifiquement remarquable.

A l'intérieur des terres, le long des fleuves et rivières, et aussi dans la forêt périodiquement inondée, on peut rencontrer des peuplements d'un grand arbre, au fût parfaitement droit, qui contraste par sa haute stature rectiligne, son feuillage au couvert léger avec les troncs généralement courbés, ou tortueux, les cimes très feuillues des arbres de la forêt ripicole ou inondable par les crues. La feuille est oblongue, atténuée aux deux extrémités, différente évidemment de celle du M. lacera des plages. Nous avons rapporté cette espèce au Manilkara multinervis. On constate cependant une variabilité dans la forme des feuilles. Celles-ci sont parfois plus ou moins obovées, sans toutefois devenir largement obovées ou même suborbiculaires comme celles du M. lacera. Cet arbre remonte les rivières jusqu'aux lisières de la forêt, et même suit dans les régions de savanes les galeries forestières. La forme des feuilles devient de plus en plus nettement oblongue, parfois étroitement oblongue. Mais curieusement dans ces pays de savanes boisées et de forêts claires au climat semi-aride, cette espèce dont la présence est incontestablement liée à la proximité de l'eau courante, quitte volontiers les galeries forestières et essaime en terrain sec. On la rencontre en abondance avec le port d'un petit arbre ou d'un arbuste sur des plateaux et dans des rochers en montagne. Comme d'autre part ce Manilkara paraît exister dans une aire considérable qui couvre toute l'Afrique occidentale et centrale, et comme au surplus l'action des feux de brousse provoque des variations individuelles chez les individus vivant dans les savanes boisées, le systématicien constate dans les abondants herbiers de l'espèce, la présence de formes foliaires très variables. Aussi de nombreuses espèces ont-elles été déjà décrites ou simplement nommées: M. djalonensis A. Chev., M. atacorensis A. Chev., M. Poissoni Pierre, M. Maclaudi Pierre, M. argentea (Pierre) Dubard, M. remotifolia Pierre, M. Schweinfurthii (Engl.) Dubard, M. dahomeyensis Pierre, M. sublacera A. Chev. Il est difficile de les séparer spécifiquement du M. multinervis, espèce la plus anciennement décrite (1877), dont le type est du Niger (Nupe, Baikie's Nig. Exped.). Seule l'étude des germinations et des semis permettrait peut-être de séparer avec certitude des types taxinomiques dans toutes ces formes multiples écologiques ou géographiques. Il demeure évidemment étonnant de donner le même nom spécifique à un grand arbre au fût droit poussant en peuplement dans la forêt inondable en pleine zone de forêt équatoriale et à un arbuste de terrain rocailleux en pays semi-aride. En tout cas ces variations de port et de morphologie foliaire, en rapport avec le milieu, méritent d'être mises en évidence et étudiées plus à fond.

La troisième espèce du groupe, M. Fouilloyana, se distingue assez bien des deux précédentes par ses fleurs plus grosses, portées par des pédicelles plus épais. Les feuilles très coriaces sont obovées oblongues, plus grandes en général que celles des autres Manilkara du même groupe. Leur type le plus accusé est alors très distinct de celui du M. lacera et du M. multinervis. Mais là aussi il y a des cas douteux. Le M. Fouilloyana est un très grand arbre, au fût droit, assez commun au Gabon dans la forêt primaire des Monts de Cristal. Espèce de terre ferme donc mais de région très humide et très pluvieuse. En Côte d'Ivoire en forêt de terre ferme, nous avons également séparé un M. sylvestris Aubr. et Pellegr. distinct par ses feuilles nettement plus petites, mais écologiquement équi-valent au M. Fouilloyana gabonais.

Comme le montrent les dessins des 3 espèces: Pellegriniana, multinervis, Fouilloyana l'étude de la structure florale ne permet guère une séparation sûre des espèces. Pour ces trois espèces, ce sont les pédicelles qui donnent des caractères séparatifs assez précis.B
B. Flore du Gabon

Taxonomy

Les Manilkara des régions humides de l'Afrique équatoriale peuvent, quant aux types foliaires, être réunis en deux groupes différents: feuilles aux nombreuses et fines nervures latérales parallèles très peu apparentes; grandes feuilles aux nervures secondaires espacées et saillantes en dessous

En considérant les fleurs on peut distinguer en vue de l'identification, deux groupes: fleurs subsessiles ou très courtement pédicellées comptant les Manilkara Aubrevillei, Zenkeri, Koechlini, espèces non signalées au Gabon; le second comprend toutes les autres espèces assez longuement ou longuement pédicellées.

Deux groupements peuvent être faits d'après la hauteur du tube de la corolle. Chez la plupart des espèces, ces tubes sont courts ou très courts. Deux espèces non gabonaises font exception, M. Aubrevillei et M. Koechlini.

Les types de staminodes permettent également des distinctions. Chez de nombreuses espèces les staminodes sont aussi longs ou un peu plus longs que les filets des étamines, et sont généralement dentés ou laciniés au sommet; plus rarement ils se réduisent à des pointes subulées (cas des M. Aubrevillei et Koechlini); au contraire chez M. Le-Testui, ces staminodes sont larges et très laciniés.

Le plus souvent le nombre des loges est de ± 12. Fait exception M. Le-Testui à ± 6 loges.C
C. Flore du Gabon

Ecology

< class="DescriptionElement DescriptionElement-TextData cdm:TextData uuid:50f91f6b-defa-4a95-8180-90532b77dd2a feature-block-element">On ne connaît rien non plus de l'écologie de certaines espèces. Celles que l'on connaît le mieux sont des arbustes ou petits arbres des fourrés littoraux, M. lacera, M. Welwitschii. M. multinervis est dans la zone de la forêt dense humide, un grand arbre, du bord des rivières et de la forêt périodiquement inondée. M. Fouilloyana est au contraire un grand arbre de la forêt de terre ferme.

Parmi les espèces citées ici, deux n'ont été jusqu'à présent rencontrées que dans la forêt de l'Oubangui, région de Boukoko, M, Aubrevillei et M. Pellegriniana, une troisième n'a été signalée que dans la région de Brazzaville M. Koechlini, et une quatrième est une espèce du Sud-Cameroun, M. Zenkeri.

Avec 10 espèces connues, l'Afrique équatoriale dans sa partie ouest est nettement la plus riche en Manilkara de toute la forêt guinéo-congolaise.D
D. Flore du Gabon

Distribution (General)

Le genre Manilkara est pantropical. Certains botanistes lui ont rapporté l'espèce bien connue Achras Zapota L., le sapotillier, souvent planté dans les pays tropicaux pour ses fruits savoureux, qui pour eux prend alors le nom de Manilkara Zapota (L.) v. Royen. Pour nous le genre Achras L. demeure valable.E
E. Flore du Gabon