Stenandriopsis talbotii

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Stenandriopsis talbotii

Description

Plante très semblable au Stenandriopsis guineensis; n'atteignant guère plus de 20 cm de hauteur; tige toujours simple; limbe des feuilles largement obovale, arrondi et obtus au sommet, sans acumen, de 7-11 x 5-7,5 cm, cordé à la base, à 3-5 paires de nervures latérales. Bractées lancéolées émarginées au sommet et plus ou moins bifurquées, avec une petite pointe sur la nervure médiane à la base de la bifurcation, bords avec 4-5 épines sur chaque côté dans la partie supérieure; bractéoles 5-6 mm de long. Calice d'environ 1 cm de long; segments subégaux, entiers, finement denticulés aux bords; corolle blanche, lobes de la corolle de 11 x 4,5 mm; les autres caractères floraux correspondent au St. guineensis sauf la pubescence des anthères, le pollen et le stigmate (voir figures).A
A. H. HEINE 1966: FLORE DU GABON, 13 ACANTHACEAE

Distribution (General)

S. Nigeria, Gabon.B
B. H. HEINE 1966: FLORE DU GABON, 13 ACANTHACEAE

Notes

Cette espèce a une histoire taxinomique fort intéressante, qui est en même temps, en grande partie, celle du genre Stenandriopsis pour les espèces du continent africain. Le matériel gabonais conservé au Laboratoire de Phanérogamie a été étudié minutieusement par L. Pierre qui a attaché aux échantillons Klaine 2198 et 221, ses notes contenant des analyses avec des descriptions très détaillées, ainsi que deux lettres de C. B. Clarke, datées du 22 et du 24 août 1901. Au sujet de ces deux échantillons Pierre avait très bien reconnu la position de ces plantes: ses notes démontrent qu'il avait considéré les spécimens Klaine 2198 comme très voisin du Crossandra guineensis Nees, et que ceux de Klaine 2221 représentaient une espèce non encore décrite. Cependant la description du Crossandra guineensis Nees, donnée par C. B. Clarke en 1899, contient une grave erreur: le sépale postérieur a été décrit comme « 2-nerved, glabrous, margin toothed, tip with 2 points », ce qui n'est pas du tout le cas chez cette espèce: le sépale postérieur bifide à l'apex est un caractère générique de Crossandra s. str., auquel le Cr. guineensis n'appartient pas. Les caractères très différents des pollens des plantes ètudiées et comparées par Pierre l'avaient, à très juste raison, amené à ses propres conclusions. Celles-ci peuvent être précisées, comme suit: le matériel des deux numéros de Klaine lui semblaient appartenir à un nouveau genre Pseudocrossandra Pierre; Klaine 2198 étant Pseudocrossandra Klainei Pierre et Klaine 2221, Pseudocrossandra alba Pierre. Pierre avait communiqué le résultat de ses études à C. B. Clarke, qui lui envoya, en réponse, la lettre suivante. A cause de son grand intérêt pour la taxinomie, cette lettre est copiée ici entièrement.

« Herbarium, Kew, Surrey, 24 August 1901. My dear Dr. Pierre, You are right! i. e. your description of fhe plants Klaine n° 2198 and Klaine n° 2221 are correct, and you have emphasised the main differences. « Le pollen est tout à fait différent. » Klaine n° 2198 is identic = Crossandra guineensis Nees. Klaine n° 2221 is: an example lately received here from the Gabon. – Unless we abandon altogether the views of Radlkofer and Lindau, I think it must be called: Pseudocrossandra alba, Pierre. It differs specifically from n° 2198 in the premorse bract and short bractlets, as you have pointed out; to make it a different genus is not very good botany, as it has only the rank of difference of generic value viz. the pollen. It is no defence to say that many genera of Acanths are no better separated. Believe me to be, your's with much esteem C. B. Clarke. »

Cette réponse avait, fort vraisemblablement, découragé Pierre de publier les résultats de ses études; C. B. Clarke était, avec G. Lindau, la plus grande autorité de l'époque de la taxinomie des Acanthacées. La mort de L. Pierre en 1905 et de C. B. Clarke en 1906, et aussi le fait que les Acanthacées de la « Flora of Tropical Africa » venaient d'être publiées (1899-1900) ont évidemment, empêché ces auteurs de publier une mise au point à ce sujet. C. B. Clarke, qui n'a pas voulu admettre un nouveau genre, a quand même reconnu qu'il s'agissait, chez les spécimens Klaine 2221, d'une nouvelle espèce.

En effet Klaine 2198 est conspécifique de Stenandriopsis guineensis (Nees) R. Benoist, et Klaine 2221 de St. Talbotii (S. Moore) Heine. L'étude des pollens ne permet pas une différenciation générique, il s'agit seulement de caractères spécifiques: pollens globuleux chez St. guineensis, pollen en forme de petit bâton chez St. Talbotii.

Il est bien évident que les conclusions de Pierre, qui a parfaitement bien reconnu les positions respectives de ces plantes, avaient été faites longtemps avant la description du genre Stenandriopsis (1906) et du Cr. Talbotii S. Moore (1913). S. Moore avait évidemment considéré son genre Stenandriopsis comme monotypique et malgache; il n'a jamais fait de remarques qui concernent la position des Crossandra qui appartenaient en vérité à son nouveau genre (surtout de son Cr. Talbotii), bien qu'il ait discuté en 1906 les différences génériques entre Crossandra Salisb. et Stenandriopsis S. Moore, sans entrer d'ailleurs dans tous les détails. Ces différences furent encore discutées par K. Krause (Pflanzenfam. Nachtr. zu II-IV 4 286 (1915)) et par Benoist en 1943. Or, dans la discussion de Cr. Talbotii S. Moore, on trouve la note suivante: « Apparently referable to the above (Talbot 1026, Oban, S. Nigeria) and differing from it only in the larger and longer-stalked leaves and the larger bracts, are the specimen of Bates, nn. 420 and 546, from Batanga. At Kew the specimens have affixed to them a MS. name of Pierre, who considered them to belong to a new genus. » Il est extrêmement curieux de constater que l'auteur du genre même, S. Moore, n'a pas voulu reconnaître son propre genre dans ces plantes qu'il discutait, et que R. Benoist, qui a étudié la même question, n'a pas reconnu non plus la position d'un lot considérable de plantes provenant du Gabon et antérieurement étudiées par Pierre. Les études de Pierre, et ses manuscrits attachés aux spécimens correspondants ont été donc complètement oubliées et non mentionnés dans l'étude de R. Benoist où les échantillons étudiés et annotés par Pierre n'ont même pas fait partie du matériel représentant la première espèce pour laquelle avait été reconnue la véritable position dans un genre distinct de Crossandra, le genre Stenandriopsis, et pour lequel Pierre avait proposé le nom de Pseudocrossandra resté inédit.

La présente note rend justice au travail précis et consciencieux de L. Pierre, sur la position générique d'un groupe de plantes typiquement guinéennes et centrafricaines.C
C. 1915: 4: 286